Читаем Dragons d'une aube de printemps полностью

« Elle se dépensait sans compter. Jusqu’à l’épuisement. Après le Cataclysme, on ne pouvait pas faire autrement, si on voulait survivre. Nos parents étaient vieux et malades. Cet hiver-là, nous avons failli mourir de faim. Cela n’avait rien à voir avec les Temps de la Disette dont vous avez entendu parler. Vous ne pouvez pas imaginer, dit-il d’une voix éteinte. Des hordes de bêtes sauvages et d’êtres humains écumaient le pays. Dans notre isolement, nous avions quand même plus de chance que d’autres. Nous passions des nuits entières à attendre, le gourdin à la main, guettant les loups qui rôdaient autour de la maison… À vingt ans, ma sœur, qui était une très jolie fille, avait les cheveux aussi gris que les miens maintenant. Son visage se creusait de rides, mais elle ne se plaignait jamais.

« Au printemps, les choses ne s’arrangèrent pas, mais il y avait de l’espoir, comme elle disait. Nous pourrions semer des graines, nous verrions pousser les plantes. Et nous pourrions tirer le gibier qui réapparaît au printemps. Elle aimait la chasse et la nature. Nous partions souvent ensemble. Un jour…»

Berem s’arrêta. Il frissonna comme s’il avait froid, puis reprit son récit :

— Un jour, nous sommes allés très loin. Après un orage, un incendie de forêt avait calciné la broussaille, laissant à découvert une piste que nous n’avions jamais remarquée. Ce jour-là, nous n’avions pas tiré de gibier. Nous avons suivi la piste dans l’espoir d’en trouver, pour nous apercevoir que c’était un ancien sentier tracé par l’homme. Je voulais rebrousser chemin, mais ma sœur a insisté pour que nous allions voir où cela menait.

Le visage de Berem se figea. Un instant, Tanis craignit qu’il ne continue pas. Mais il reprit, poussé par une sorte de fièvre intérieure :

— Au bout du sentier, nous sommes arrivés dans un endroit étrange. Ma sœur pensait que c’était un ancien sanctuaire dédié à des dieux maléfiques. Je n’en sais rien, en tout cas, des colonnes brisées gisaient dans un fouillis de lianes desséchées. Elle avait raison. Cet endroit était de mauvais augure, et nous aurions dû nous en aller. Il fallait s’en aller…

Berem répéta la phrase de manière incantatoire. Quand il se tut, personne n’osa bouger. D’une voix presque inaudible, il se remit à parler.

Les compagnons comprirent qu’il avait oublié où il se trouvait. Berem était retourné à l’époque de son histoire.

— Parmi les ruines se trouvait un objet extraordinaire : c’était un socle de colonne, incrusté de pierreries. Je n’avais jamais rien vu d’aussi beau. Comment passer à côté d’une telle magnificence ? Une seule de ces pierres signifiait pour nous la richesse ! Nous pourrions aller habiter en ville ! Ma sœur aurait les prétendants qu’elle méritait. Je suis tombé à genoux devant le socle et j’ai pris mon couteau. Une pierre verte étincelait dans le soleil, plus belle que tout ce qu’il est possible d’imaginer. Je commençai à la détacher avec la lame…

« Ma sœur était horrifiée. Elle me cria d’arrêter. « C’est un lieu sacré », disait-elle. « Ces joyaux appartiennent aux dieux. Tu commets un sacrilège, Berem ! » Je ne l’écoutais pas, bien que mon cœur battît à tout rompre. « Si les dieux ont abandonné ce sanctuaire, ils nous ont abandonnés aussi ! » criai-je. Mais elle ne voulut rien savoir. Elle m’empoigna le bras, ses ongles entrèrent dans ma chair. Elle me faisait mal. « Arrête, Berem ! m’ordonna-t-elle, à moi, son frère aîné ! Je ne laisserai pas profaner ce qui appartient aux dieux ! »

« Comment osait-elle me parler ainsi ? Moi qui faisais cela pour elle, pour notre famille ! Elle n’aurait pas dû me contrarier. Elle savait que cela me rend fou : quelque chose éclate dans ma tête et envahit mon cerveau. Je ne vois plus rien, je ne peux plus penser. J’ai hurlé : « Laisse-moi tranquille ! », mais elle a saisi mon couteau fiché entre la pierre verte et le socle. Je l’ai repoussée… Oh ! pas fort… Mais elle est tombée. J’ai voulu la rattraper. En vain. Sa tête a heurté la colonne. Sa tempe a frappé contre une gemme, le sang a giclé sur les joyaux, puis ruisselé sur son visage. Ses yeux ne brillaient plus, les joyaux non plus. Ensuite…

« Il est arrivé quelque chose d’affreux, que je revois en rêve dès que je ferme les yeux. C’était comme le Cataclysme, mais il s’agissait de création. Une création infernale ! La terre s’est entrouverte. Des colonnes en ont jailli sous mes yeux. Un temple hideux prit forme. Les Ténèbres elles-mêmes montèrent de la terre et leurs cinq têtes dodelinantes se dardèrent sur moi. Elles m’interpellèrent d’une voix sépulcrale : « Jadis, j’ai été bannie du monde, et seul un morceau de monde peut m’y faire revenir. La colonne aux joyaux était la clé de ma prison. Tu m’as libérée, mortel, je te laisse en récompense ce que tu voulais posséder. La gemme verte est à toi ! »

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Андрей Боярский

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