Читаем Dragons d'une aube de printemps полностью

Il n’y avait personne. Bien que son instinct lui dictât de continuer sur les traces de Laurana, il s’arrêta pour reprendre haleine. Essuyant le sang qui lui coulait dans les yeux, il tenta de se remémorer la topographie des lieux. Les antichambres formaient un vaste cercle autour de la salle. Elles étaient reliées au temple par des couloirs sinueux. Cet agencement avait dû avoir une logique, mais la transformation des constructions en avait fait un labyrinthe inextricable. Certains couloirs finissaient en cul-de-sac là où on s’attendait à trouver une issue, tandis que d’autres se perdaient dans des circonvolutions interminables.

Le sol trembla sous ses pieds. Des débris tombèrent du plafond qui avait explosé. Où avait fui Laurana dans ces décombres ? Tanis n’avait aucune idée de la direction qu’elle avait pu prendre.

Elle avait été emprisonnée dans le temple, mais les geôles étaient souterraines. Il se demanda si elle était en mesure de reconnaître les lieux. Lui-même n’avait qu’une vague idée de l’endroit où il se trouvait. Il décrocha une torche du mur et la promena autour de lui. Une porte à moitié sortie de ses gonds restait entrouverte. Tanis remarqua qu’elle donnait sur un corridor faiblement éclairé.

Le demi-elfe poussa un soupir de soulagement. Il savait maintenant comment il allait retrouver sa mie !

Un souffle d’air frais chargé d’odeurs printanières venait du fond du couloir. Laurana avait dû sentir ces effluves, et supposer qu’ils la conduiraient à l’extérieur du temple. Impatient, Tanis s’élança dans le corridor.

Au milieu du couloir, un groupe de draconiens surgit d’une pièce latérale. Se souvenant de l’uniforme qu’il portait, Tanis les arrêta.

— Avez-vous vu la femme elfe ? cria-t-il. Il ne faut pas qu’elle nous échappe !

D’après le ton de leurs grognements, les soldats n’avaient rien vu. Deux autres draconiens arrivant avec du butin déclarèrent l’avoir aperçue dans une direction qu’ils indiquèrent. Tanis s’y précipita.

Dans la Salle du Conseil, les combats avaient cessé. Les chefs draconiens qui avaient échappé au massacre rassemblaient leurs troupes à l’extérieur du temple. Certains se battaient encore, d’autres attendaient de savoir qui prendrait le pouvoir. Deux questions agitaient les esprits. Les dragons resteraient-ils sur Krynn ou disparaîtraient-ils avec la Reine des Ténèbres, comme lors de la Deuxième Guerre Draconienne ? Et si les dragons restaient, à qui obéiraient-ils ?

Tanis se posait également ces questions en poursuivant sa course, freinée par les décombres ou stoppée par des culs-de-sac imprévus.

Naviguant à vue dans des nuages de poussière, il se sentait de plus en plus fatigué. Ses jambes lui pesaient, chaque pas lui coûtant un effort. Ses espoirs de retrouver Laurana commençaient à fondre. Il était pourtant convaincu d’être sur la bonne piste. Qu’était-il donc arrivé à sa bien-aimée ? Avait-elle été tuée ?

Non, il refusait cette idée. Il fallait continuer en s’orientant sur le souffle d’air frais.

Les torches avaient mis le feu au temple, qui commençait à s’embraser.

Après avoir escaladé un amas de débris, Tanis arriva dans un couloir obscur. S’il gardait sa torche, il se ferait remarquer des draconiens qui pouvaient surgir entre deux pans de mur. Mais jamais il ne retrouverait Laurana s’il continuait dans le noir.

— Qui va là ? rugit-il en brandissant sa torche dans la salle en ruine.

Il entrevit le miroitement d’une armure. Quelqu’un courait devant lui, et non vers lui ! Un comportement bizarre pour un draconien… Il aperçut une forme gracieuse qui s’enfuyait à toutes jambes.

— Laurana ! Quisalas ! cria-t-il en elfe.

Maudissant les obstacles, il força son corps épuisé à avancer jusqu’à ce qu’il pose une main sur elle. Agrippé à son bras qu’il retint fermement, il s’adossa contre le mur pour reprendre son souffle.

Ses halètements lui déchirèrent la poitrine, sa vue se brouilla, il crut qu’il allait trépasser. Mais son étreinte ne se desserra pas. L’intensité de son regard aurait suffit à garder Laurana captive.

Il comprenait à présent pourquoi les draconiens ne l’avaient pas vue. Elle s’était délestée de son armure d’argent, qu’elle avait remplacée par celle d’un draconien mort. Sans parvenir à articuler un mot, elle regardait Tanis dans les yeux.

Au début, elle ne l’avait pas reconnu, manquant lui passer son épée au travers du corps. Seul ce mot elfe Quisalas, « ma bien-aimée », l’avait arrêtée.

— Laurana, dit-il d’une voix brisée, ne m’abandonne pas. Attends… Écoute-moi, je t’en prie.

D’un coup sec, elle libéra son bras. Mais elle n’avait pas bougé. Elle allait dire quelque chose quand les murs se craquelèrent. De la poussière et du plâtre tombèrent du plafond. Tanis se pencha sur elle pour la protéger. Ils se tinrent serrés l’un contre l’autre jusqu’à ce que cesse la pluie de décombres.

Tanis ayant laissé tomber sa torche, ils étaient dans le noir.

— Il faut sortir d’ici, dit-il d’une voix altérée.

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Андрей Боярский

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